📍 ///enclosures.denture.bathwater

La nuit fut d’une clarté incroyable : un ciel constellé d’étoiles, sans aucune pollution lumineuse à des kilomètres à la ronde. Si j’avais eu un peu plus d’énergie, j’aurais pu en profiter davantage. En tout cas, ça annonçait une belle journée.

Au matin, tente pliée, nous attaquons l’ascension du Bláhnúkur, la « montagne noire ». Un sommet au panorama époustouflant… surtout vers le sud-est où, comme l’avait prévenu le ranger : « Rain is coming ». Trois jours de pluie sont annoncés pour la région et le sud. Pas l’idéal quand on doit traverser une dizaine de rivières. La perspective de rester bloqués ou de randonner sous des trombes d’eau nous fait écourter. Brennisteinsalda, la « montagne aux couleurs », sera pour une prochaine fois.

On s’accorde malgré tout notre rituel islandais quotidien : une heure dans la rivière chaude. Cette fois, l’eau est tellement brûlante qu’il faut se réfugier sous le ponton flambant neuf pour trouver une température supportable.

Avant la pluie, je veux encore vérifier deux choses :

1️⃣ Le petit refuge que nous avions déniché en 2016 – fidèle au poste.

2️⃣ La F235, piste menant à un lac perdu au cœur des montagnes. Mais là, pluie et brouillard s’invitent. Impossible de voir quoi que ce soit, et les rivières commencent à grossir. On fait demi-tour et quittons la réserve par la F208 sud.

La piste est un enfer : trous béants, secousses à répétition, chaque nid-de-poule évité étant immédiatement remplacé par un autre, plus violent. À force, on a l’impression que la roue va traverser le capot. Les nerfs sont mis à rude épreuve.

Finalement, on atteint Kirkjubæjarklaustur. Le camping est détrempé, le moral un peu aussi. On termine la journée avec un gratin dauphinois lyophilisé (pas vraiment de quoi remonter le moral, mais ça cale) et une soupe aux myrtilles (surprenante, mais pas désagréable). Disons que ça fait le job. Demain sera un autre jour.

Kirkjubæjarklaustur, malgré son nom imprononçable, est un lieu important de l’histoire islandaise. Son nom signifie « le couvent de la ferme de l’église » : c’était en effet une abbaye bénédictine du XIIe siècle. Le site est entouré de légendes : on raconte qu’une nonne y fut condamnée pour inconduite, et qu’après sa repentance, des empreintes miraculeuses seraient restées gravées dans la roche. Le village actuel est aussi tristement connu pour avoir été le refuge de survivants lors de l’éruption du Laki en 1783, une catastrophe volcanique qui a bouleversé l’Europe entière.

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